jeudi 31 décembre 2015

Au rythme de l'hiver

All Aboard, the Sleigh Ride, BBC 4
Le 24 décembre dernier, la BBC 4 diffusait un programme pour le moins audacieux. Audacieux car peu conventionnel: pendant près de deux heures, la caméra suit trois traîneaux tirés par des rennes qui parcourent une ancienne route postale dans le nord de la Norvège. Sans musique ni commentaires audio (à peine sont partagées par écrit quelques informations sur la région ou le peuple Sami qui accompagne la traversée), le téléspectateur est entraîné dans une ballade enneigée, silencieuse, à travers un paysage nordique féerique. Par l'atmosphère apaisante, le calme ponctué des bruits feutrés des pas dans la neige et le glissement du traîneau, par l'imposante beauté du cadre alentour, le spectateur est transporté dans le temps et l'espace dans un lieu où pourrait vivre le père Noël. La traversée dure deux heures, le temps pour nous d'entrer dans une méditation sur la lenteur, le calme, le froid et l'hiver.

Je ne peux personnellement penser à un meilleur hymne à l'hiver. Ce périple nous plonge au cœur même d'un hiver rude mais majestueux. Le peuple Sami est une peuplade autochtone du nord de la Norvège, qui vit en parfaite harmonie avec son milieu naturel. Leur adaptation au rigoureux climat, la façon dont ils se plient à leur environnement plutôt que l'inverse et entrent en véritable symbiose avec la nature sont une source d'inspiration pour nous qui nous protégeons à tout prix du monde extérieur. Oui, l'hiver est hostile, et nous ne sommes que de fragiles petites créatures à la merci de ses griffes glacées, mais en nous associant les uns les autres, ensemble nous devenons plus forts. La coopération et l'entraide sont les maître-mots de la survie pour les Samis. Ils nous rappellent qu'aucun petit geste n'est anodin, et que chaque petit pas nous rapproche un peu plus de notre destination. Aussi petit que nous soyons face à l'immensité, nous faisons partie d'un tout: une communauté, un pays, un monde, la nature dans sa globalité.

Jeune femme Sami avec un renne, BBC 4

La chute des températures signifie aussi que la nature est au repos. L'hiver est la saison de la lenteur, où tout va au ralenti. Rien ne sert de courir, disait La Fontaine, il faut partir à point. Cette ballade en traîneau se déroule sans hâte, les rennes n'en font qu'à leur tête et s'arrêtent régulièrement, le rythme de la progression laisse amplement le temps d'admirer le paysage. C'est ainsi que l'hiver nous demande de vivre. Dans la lenteur et la contemplation. Puisque la nature s'est endormie, c'est le moment de se poser et de méditer. Dans le calme, pensons à notre passé et anticipons notre futur, réfléchissons à nos vies et à ce qui est important pour nous. C'est l'occasion de faire un retour à l'essentiel, de laisser filer toutes les petites tracasseries du quotidien pour revenir à notre for intérieur.

Enfin, la neige étouffe tous les sons. Le silence serein nous baigne dans la plénitude. Il n'y a pas de distractions, seulement le moment présent. Ce programme est exceptionnel en ce qu'il a de simple, d'authentique, et de dépouillé d'artifices. Dans le silence, on entend mieux ses pensées, elles ont plus de place, et enfin on revient vers soi comme après une longue absence. La splendeur dénuée du paysage enneigé et la douceur de la lumière du soleil à peine au-dessus de l'horizon apaisent et invitent à la contemplation. L'uniformité de ce blanc qui couvre tout repose notre esprit sans cesse sollicité. Enfin, nous voilà face à quelque chose de simple et de beau à la fois. Enfin, nos pensées ont toute la place nécessaire pour se déployer, et le temps s'est arrêté. Si le silence pouvait se voir, il serait un paysage enneigé.

Quel merveilleux moment que cette promenade en compagnie des Samis et de leurs rennes. La BBC est parvenue à parfaitement cerner l'essence même de l'hiver à travers ce programme. En nous invitant à prendre part à ce périple en traîneau, elle nous offre un précieux cadeau de Noël: l'occasion d'appuyer sur le bouton pause et de savourer un moment de pure réflexion.

dimanche 27 décembre 2015

L'art gratifiant du fait maison

Ces dernières années, le do-it-yourself (autrement dit le fait maison) a énormément gagné en popularité. Il y a une véritable explosion de sites ou de vidéos qui proposent d'expliquer, étape par étape et souvent avec du matériel simple, comment réaliser ses propres accessoires, décorations, ou même vêtements. C'est devenu une véritable mode. Mais je pense qu'il s'agit de quelque chose de plus durable qu'un simple phénomène populaire et éphémère. Souvent, quand un phénomène attire un engouement collectif, il ne dure pas plus de quelques mois, tout au plus quelques années. Ici je pense au contraire qu'on touche à quelque chose qui a le potentiel de surpasser son status de mode et de s'ancrer dans nos modes de vie de façon durable.

L'art de faire les choses soi-même n'est pas nouveau. Au contraire, il a toujours existé, mais est quelque peu tombé dans l'oubli avec la montée du commerce industrialisé. Pourquoi, après tout, passer des heures à se confectionner une écharpe ou une bougie, quand ces objets peuvent être achetés à bas prix, nous épargnant un temps précieux? C'est évidemment la facilité qui l'emporte toujours. Mais cette façon de disposer des objets a aussi changé notre rapport à ceux-ci. Puisqu'il est si facile de se les procurer, leur valeur diminue à nos yeux. Mais faites l'expérience de tricoter vous-même votre écharpe. Cela vous prendra beaucoup de temps, certainement, mais au bout du compte, vous attacherez autrement plus de valeur à votre confection que si vous l'aviez achetée, car vous connaîtrez le labeur qu'elle représente. Et vous en prendrez d'autant plus soin. Votre écharpe sera unique, et elle sera vôtre plus que n'importe quelle autre disponible dans le commerce. Et ça, c'est précieux.

De plus, ce changement de rapport aux objets a des répercussions insoupçonnées. Le matraquage marketing quasi permanent auquel nous sommes soumis voudrait nous faire croire que l'on a toujours besoin de plus. Vous avez déjà des gants, mais regardez, ceux-ci sont encore mieux, il vous les faut. Alors on achète, trop vite, trop indifféremment. Je me rappelle quand j'étais enfant, de l'importance qu'avait chacun de mes jouets à mes yeux. Chaque poupée, chaque peluche, était chère à mon coeur, et jamais je n'aurais pu me séparer d'aucun d'eux sans éprouver de la peine. Encore aujourd'hui, je suis incapable de me débarrasser de certains d'entre eux. C'est exactement la sensation que l'on éprouve quand on possède quelque chose qu'on a fait soi-même. On y tient réellement, on sait ce qu'il vaut, non en matière de prix, mais en valeur affective. Le do-it-yourself est dès lors doublement un acte de résistance à la surconsommation: d'abord car c'est une chose que l'on n'achètera pas, et ensuite parce qu'on ne sera pas pressé de la remplacer.

Quelques cadeaux de Noël faits maison

Le problème récurrent actuellement, c'est le temps. On semble toujours en manquer, et notre énergie est sans cesse mise à l'épreuve pour essayer d'en gagner. Mais essayons de voir les choses autrement. Et si le véritable problème n'était pas le manque de temps, mais notre rapport à celui-ci? Après tout, chaque jour compte vingt-quatre heures, et cela a toujours été le cas. Ce qui a changé au cours du siècle dernier, c'est que de plus en plus nous nous sommes imposé l'idée que ce temps doit être utilisé de manière rentable. Si une tâche peut être accomplie en une heure au lieu de deux, on sera gagnant, ou bien c'est ce que l'on croit. Mon avis est que c'est le temps que l'on considère souvent comme "perdu" qui a le plus de valeur. Quand on ne fait rien qui soit strictement "utile", ou rentable. Passer du temps avec ses proches, lire un livre, ou même être perdu dans ses pensées, ce sont les petits bonheurs qui donnent de la couleur à nos existences. On ne devrait donc pas considérer ces moments comme perdus. De la même manière, les longs moments que cela prend pour fabriquer soi-même quelque chose, je pense que c'est du temps qui vaut la peine d'être investi de cette manière.

Qu'y a-t-il de plus beau, en effet, que le fait de créer? C'est faire apparaître quelque chose là où il n'y avait rien. C'est avoir au bout de ses doigts le pouvoir de concrétiser ce que l'on a dans la tête. Donner une forme à une idée. Et la magie de la création n'a pas besoin de se faire à un niveau élevé pour avoir du sens. Nous sommes tous des artistes, comme l'exprime si bien cette citation de Kurt Vonnegut:
"Les arts ne sont pas un moyen de gagner sa vie. Ils sont un moyen profondément humain de rendre la vie plus supportable. Pratiquer un art, qu'on le fasse bien ou pas, est un moyen de faire grandir son âme. Chante sous la douche. Danse en écoutant la radio. Raconte des histoires. Ecris un poème à un ami, même un mauvais poème. Fais-le du mieux que tu peux. Tu recevras une récompense énorme. Tu auras créé quelque chose."
Pour moi, le fait maison est à une certaine échelle une forme d'art. Un art qui est à la portée de tous. Et c'est extrêmement gratifiant. Il n'est pas nécessaire d'avoir de talent particulier, chacun peut réaliser ses propres objets. Prendre conscience de ce que l'on est capable d'accomplir de ses deux mains, c'est une sensation sans pareille. Et quand on persévère et que l'on s'améliore dans un domaine particulier, c'est encore mieux. Et plus on en fait, plus on a envie d'en faire. Alors sortons nos aiguilles, nos ciseaux, notre colle,... et surtout, notre créativité, et lançons-nous sans hésiter dans le plus beau processus dont nous sommes capables: celui de créer.

mercredi 23 décembre 2015

Comment Epictète nous enseigne à devenir la meilleure version de nous-même


Le philosophe stoïcien Epictète a survécu à la postérité grâce à ses "Entretiens" et "Pensées". Ces deux recueils abondent de sagesses qui n'ont rien perdu de leur pertinence aujourd'hui. Bon nombre des préceptes qu'Epictète recommande pour bien vivre peuvent nous servir et nous inspirer dans nos vies quotidiennes. Il met un accent important sur la responsabilité, mais aussi la capacité, de tout un chacun à trouver le bonheur. Parmi ses principaux apprentissages en voici une poignée qui valent la peine d'être médités et appliqués.

Tu es à toi-même ton plus fidèle allié

C'est pour ainsi dire un des préceptes de base d'Epictète. On est littéralement notre propre meilleur ami. C'est pourquoi nous nous devons de prendre soin de nous et ne pas nous négliger. Cette responsabilité passe par le respect et le soin de soi, aussi bien physique que mental. Il est aussi important de bien se connaître, dans nos aptitudes comme nos limitations, afin de ne pas se fourvoyer. Il cite Agrippius: "je ne me ferai jamais obstacle à moi-même", qui est une phrase qui mérite d'être répétée mentalement, comme une promesse et un rappel.

Rien n'est ni bon ni mauvais

Pour Epictète, le bien et le mal n'existent que dans les perceptions que l'on a des choses et des événements. Les choses en soi ne sont ni bonnes ni mauvaises, ce sont nos opinions qui les rendent ainsi. Il est dès lors possible de changer l'effet que les choses ont sur nous en les prenant autrement. Si nous apprenons à accepter notre situation telle qu'elle est, sans souhaiter qu'elle soit autrement, on sera toujours satisfait.

Le monde est merveilleux

La beauté du monde, Epictète l'accorde à la Providence. Il parle du "spectacle admirable que la divinité à étalé à nos yeux", qui se retrouve même dans les plus petites choses et au coeur de nous-même. A tout moment, rappelons-nous de la merveille qu'est le monde dans lequel nous vivons.
"Vois, connaît, loue, bénis."

Nous possédons tout ce dont nous avons besoin en nous-même

Chacun dispose des armes nécessaires pour faire face aux épreuves de la vie. Il ne tient qu'à nous de nous en servir. Selon Epictète, notre bien le plus précieux sont nos opinions, ou nos pensées. Dès lors, toutes nos richesses véritables sont en nous.
"Tu ne peux être ni un Hercule, ni un Thésée, pour purger la terre de monstres, mais tu peux les imiter en te purgeant toi-même des monstres qui sont en toi."

 Lâcher prise sur ce qui ne dépend pas de nous

Il faut distinguer les choses qui dépendent de nous de celles qui ne dépendent pas de nous. Il est inutile de se lamenter sur les choses qui nous sont extérieures, et sur lesquelles nous n'avons pas de prise. En plaçant son bonheur comme son malheur dans ce qui dépend de nous, on devient le véritable acteur de sa vie. De plus, les événements extérieurs qui nous affligent finissent toujours par nous apporter un enseignement, et tout au moins servent-ils à exercer notre âme à grandir.

Enfin, et avant tout, Epictète insiste sur le fait qu'il est inutile d'avoir de beaux préceptes philosophiques si on ne les met pas en pratique. Lui-même voulait servir d'exemple plutôt que de faire la leçon aux autres. Sa philosophie est celle de la mise en oeuvre de ses principes.

Le plus merveilleux moment de l'année


C'est cette période de l'année où les lumières se mettent à scintiller, où la magie s'éveille et où l'enfant endormi en chacun de nous refait surface. Quelle est cette fête, si singulière, qui chaque année rassemble petits et grands dans une frénésie de décorations, de cotillons, de pull-overs kitchs et de cadeaux à gogo? Peut-être est-ce là ce qu'il y a de magique à Noël: il nous unit les uns aux autres. Durant quelques jours, en ce froid mois de décembre, tout le monde prend part au plus chaleureux des phénomènes de l'année. Comment ne pas se réjouir quand arrive cette merveilleuse fête? Voici une liste des raisons qui, selon moi, font de Noël inlassablement la plus belle période de l'année.

1. Les décorations

Chaque année, cette période me parait trop courte, et il me faut m'efforcer d'en profiter un maximum tant que ça dure. Dans les rues, les maisons, partout brillent les lumières, pendent les guirlandes, scintillent les boules. On est plongés dans une féerie qui nous immerge dans une douce nostalgie de notre enfance. Ce n'est pas simplement joli, l'atmosphère de Noël nous rappelle qu'il fut un temps où nous croyions en la magie, et que cette époque peut être évoquée à nouveau et qu'il nous est toujours possible de rêver.

2. Les cadeaux

Autant quand j'étais enfant que maintenant, l'excitation est restée la même à la simple vue des cadeaux sous le sapin. Je crois que le grand attrait des cadeaux réside principalement dans l'anticipation. Le mystère de ce que recèlent les emballages, la projection de notre joie en les ouvrant. Et puis, s'il est un grand bonheur de recevoir des cadeaux, il l'est tout autant d'en offrir. Ce qu'il y a de beau dans les cadeaux c'est d'y mettre une attention toute particulière pour une personne qui l'est tout autant. Les plus beaux cadeaux (et les plus mémorables) sont ceux qui disent: "je te connais, et je sais que ceci te fera plaisir". N'est-ce pas là la plus belle attention qui soit?

3. L'amour

Peu d'autres célébrations parlent autant d'amour que Noël, à mes yeux. C'est un moment privilégié, où les familles se rassemblent, où chacun fait l'effort d'être là. On revoit enfin ce cousin éloigné, et cette tante qui vit si loin. Les foyers ne sont jamais aussi chaleureux que cette nuit-là. On se voit, on partage, on échange des cadeaux et on crée les plus beaux souvenirs. Noël est avant tout un état d'esprit. Comme le dit Scrooge dans "Un chant de Noël" de Charles Dickens: "je vais honorer Noël en mon coeur et essayer de le conserver toute l'année". Au-delà des cadeaux et de tout le tralala, Noël est dans le fond un simple moment que l'on passe avec les gens que l'on aime, et la meilleure excuse pour le leur dire.

4. Les délices

C'est sans doute l'association qui se fait dans le plus d'esprits: Noël égale festin. On se régale de mets exquis, mais pas seulement le soir du réveillon. Les délices de Noël sont présents bien avant: le vin chaud, les biscuits aromatisés à la cannelle, les chocolats chauds (de préférence sous la couette et près du feu)... C'est Noël qui s'immisce tout autour de nous et pointe son nez pour annoncer l'apothéose qui sera le repas du réveillon.


5. Les préparatifs

Comme pour beaucoup de choses, une partie importante du plaisir dérive de l'anticipation. C'est quand on est dans l'expectative que l'excitation monte, monte, monte... Et Noël a un potentiel d'anticipation qui n'est pas des moindres: quand on fait ses achats, quand on s'applique à emballer ses cadeaux, quand on prépare le repas. Et tout cela dans une atmosphère enchantée qui ravive encore un peu plus la flamme de notre excitation.

6. Les musiques

Qu'y a-t-il dans les chants de Noël qui me fait tant les adorer? Peut-être est-ce parce qu'ils sont liés à de bons souvenirs auxquels je les associe? Ou bien sont-ils simplement très jolis? Toujours est-il qu'aux premières notes de mes chants de Noël préférés, mon coeur devient tout tendre et je sens monter en moi une irrépressible envie de chanter avec. La musique fait partie intégrante de la magie de Noël. Elle accompagne les moments de partage. Elle contribue à l'atmosphère générale. Elle est comme l'écho que renvoient nos âmes toutes joyeuses!