vendredi 29 avril 2016

Le bonheur est dans l'attente


Savoir prendre le temps et ne pas précipiter les choses est une des plus importantes leçons que nous enseigne le passé. Cela s'applique dans bien des domaines, entre autres dans celui du plaisir. La recherche de la satisfaction est une tendance naturelle qui guide la plupart de nos actions. Mais que gagnons-nous (ou perdons-nous) à satisfaire toutes nos envies instantanément? Je vous propose une petite réflexion sur les avantages à tirer en prenant plus notre temps lorsqu'il s'agit de se faire plaisir.

Avec à notre disposition des outils comme internet, nous avons au bout de nos doigts le pouvoir de combler presque toutes nos envies. Un film peut être vu directement, un achat se fait en un clic et nous est livré en quelques jours à peine, une information est trouvée en deux temps trois mouvements. En moins de temps qu'il ne faut pour y songer, on obtient satisfaction. Et il y a un effet d'accoutumance à cette immédiateté, on s'y habitue.

Devoir attendre entre le moment où une envie nous vient et le moment de la satisfaire nous arrive de moins en moins souvent, si bien que l'on supporte assez mal d'être obligé d'attendre. En marquant un long moment de répit entre une envie et son actualisation, l'instant de satisfaction en est plus réjouissant, il est comme décuplé. C'est ce que j'appellerais "l'effet de l'attente". Un contre-temps que l'on a de moins en moins l'habitude de subir.

C'est pourtant bien dans l'attente que se construit l'ampleur du plaisir qu'on tirera plus tard. Je dirais que le délais d'attente est à la mesure de la satisfaction future. Plus on attend, plus on sera content au final. L'aboutissement devient une sorte de récompense, il y a une qualité de mérite qui vient s'ajouter à sa valeur. Et puis il y a la magie de l'anticipation qui opère: on projette, on espère, et à notre insu, on est déjà entrain de former le bonheur qu'on éprouvera.

Il a déjà été prouvé que nous tirons une partie de notre satisfaction dans l'anticipation d'un moment agréable. Quand on réserve des vacances, par exemple, l'idée seulement de partir et la réjouissance à l'avance, font déjà partie du bonheur qu'on en tirera. Il se passent donc en réalité beaucoup de choses rien que dans l'attente. C'est tout un chemin qui mène à un aboutissement, et toute une part de plaisir que l'on perd en zappant cette étape.

Si autrefois l'attente était subie et que bien souvent, on ne pouvait pas faire autrement, aujourd'hui nous avons beaucoup à gagner en nous y forçant de temps à autre. Rappelons-nous du temps où il fallait attendre l'été pour avoir des fraises, où il fallait attendre qu'un cinéma programme un film pour pouvoir le voir, où il fallait attendre plusieurs jours pour qu'une lettre arrive à destination. L'instantané a pris le contrôle sur nos vies, et il s'agit d'un réel acte de résistance que de s'y opposer volontairement. Réapprendre à attendre, c'est redonner du goût au bonheur, et ne pas le prendre pour acquis.

Quelques pistes pour réapprendre à attendre et en tirer le meilleur:

  • Programmez les choses longtemps à l'avance: une sortie entre amis, une séance cinéma, ou même des petites choses comme le repas du soir ou un moment pour se livrer à son passe-temps favori, c'est en les prévoyant avec une longueur d'avance qu'on les savoure le mieux.
  • Faites des listes: un livre vous fait envie? Un ami vous recommande un film? Vous tombez par hasard sur une recette alléchante? Prenez-en note sous forme de listes que vous consulterez plus tard. 
  • Cherchez d'autres points d'accès qu'internet: plutôt que de commander en ligne le vêtement dont vous rêvez, déplacez-vous en personne dans le magasin. Laissez de temps en temps tomber la facilité d'internet pour vous donnez la peine de faire l'effort et de passer le temps nécessaire avant de vous faire plaisir.
  • Faites-vous des promesses à vous-même: au lieu de directement aboutir à une envie, promettez-vous d'y accéder dans un certain délais. Par exemple: "ce weekend, je regarderai ce film", ou bien "la semaine prochaine, je commanderai un plat chez mon traiteur préféré".
  • Ne fuyez pas les situations où vous n'avez pas le contrôle: un petit cinéma de quartier où il n'y a qu'un film par jour, une piscine dont les horaires sont un peu contraignants... il est parfois bon de ne pas avoir le choix, de devoir se plier à des contraintes extérieures et de ne pas avoir ce qu'on a envie, quand on en a envie.
  • Forcez-vous tout simplement à attendre: même si vous avez la possibilité de tout de suite vous faire plaisir, reportez volontairement. Si vous avez le DVD d'une série, par exemple, obligez-vous à n'en regarder qu'un épisode à la fois. Cela requiert d'une bonne maîtrise de soi, mais débouche sur une plus grande satisfaction au bout du compte.
Je suis convaincue des bénéfices de l'attente, et je suis adepte à m'y forcer parfois quand les circonstances ne m'y obligent pas. La trop grande facilité actuelle à arriver rapidement à nos fins a endommagé le plaisir qu'on en tire. Je pense qu'il n'y a pas de plaisir là où il n'y a pas eu de frustration. En suivant ces quelques pistes et en réfléchissant vous-même à la place que prend l'attente dans votre expérience du bonheur, j'espère que vous arriverez à mieux profiter de chacune de vos envies.

dimanche 24 avril 2016

Comment médiévaliser votre quotidien


Le Moyen Age n'est certes pas la période la plus glamour de l'histoire. Souvent associé à l'obscurantisme et à la violence, il n'a pas tellement la cotte à nos yeux civilisés du vingt-et-unième siècle. Pourtant tout n'est pas à jeter dans cette ère. Si on pioche judicieusement quelques valeurs morales, quelques habitudes de vie, on peut découvrir que les moyenâgeux avaient finalement plus à nous apprendre qu'on ne pourrait le croire. Pour un quotidien plus intense, plus chevaleresque, mais aussi plus magique, je vous invite à suivre ces quelques conseils.

1. Courage et loyauté

Le code d'honneur des chevaliers, mais aussi de la noblesse en général, était stricte et indérogeable. Faillir à ce code, c'était déchoir et perdre son statut. A son cœur, on trouve la loyauté à son roi ou à son seigneur. Cette fidélité s'étendait de la personne du roi à ce qu'il représentait: une nation, des principes, une lignée. A cette époque, la parole d'un homme valait la vie de celui qui la prononçait, autrement dit, une parole d'honneur digne de ce nom. Et on était prêt à mourir pour une cause en laquelle on croyait. En somme, ce sont autant de valeurs dont nous pouvons nous inspirer: fidélité, sincérité, sens de l'honneur, intégrité, courage. Faire preuve de "noblesse" est à la portée de tous.

2. Allez à l'essentiel

Que l'on ait été noble seigneur ou petit paysan, la vie était rude au Moyen Age. Maladies, guerres, brigands,... les risques pesaient au jour le jour sur les têtes. Une vie, qui était quotidiennement menacée par d'innombrables dangers, se menait sans perdre de temps. Chaque jour pouvait potentiellement être le dernier, une imminence qui ne faisait qu'en rehausser la valeur. On n'y allait pas par quatre chemins, on allait droit au but et sans détours. Apprendre à redonner de l'intensité à chaque instant permet de retrouver la juste valeur du miracle d'être vivant et de ne plus perdre de temps avec ce qui ne compte pas vraiment.

3. Cultivez votre spiritualité

Une des caractéristiques majeures du Moyen Age, c'est sa profonde religiosité. Tout le monde était croyant et le respect des rites catholiques faisait partie intégrante de la vie quotidienne. Si aujourd'hui la foi est devenue une affaire personnelle, on peut tout de même tirer un exemple de ces habitudes ancestrales. La spiritualité donne un sens et une direction à sa vie, qu'elle soit de nature religieuse ou non. Consacrer quelques moments chaque jour à la contemplation ou à une forme de méditation qui correspond à nos croyances personnelles, a été prouvé pour améliorer le bien-être au quotidien. Le plus important étant de trouver la spiritualité qui vous correspond et de la pratiquer selon vos propres principes.

4. Accordez-vous à la nature

La vie se déroulait autrefois en plus grande symbiose avec la nature. Le rythme des saisons décidait de ce que l'on avait dans son assiette, les intempéries nous touchaient directement et le rapport aux animaux était essentiel à la survie (pour les manger comme pour s'en protéger). On était directement lié à son environnement, alors que de nos jours nous avons tendance à nous scinder de la nature qui nous entoure. Pour retrouver ce lien et le bien-être primal qu'il génère, quelques habitudes simples peuvent être mises en place: manger des fruits et légumes de saison, préférer la marche aux transports motorisés, passer plus de temps dehors, pratiquer des activités liées aux saisons (luge en hiver, golf en été, par exemple)...

5. Retrouvez le plaisir de la table

Au temps des chevaliers et des nobles dames, les loisirs étaient peut-être limités, mais on n'en tirait pas moins une grande satisfaction. Une des meilleures manières de passer un bon moment en bonne compagnie, c'était autour d'une table: les grands banquets où la nourriture abondait, où le vin coulait généreusement, les conversations allaient bon train et les chants et spectacles rythmaient l'ambiance. Le très simple plaisir de se remplir l'estomac tout en se divertissant est si universel qu'il ne passera jamais de mode. Nul besoin de grands moyens ou de dépenses folles, pour revenir à l'essentiel, rassemblez-vous en famille ou entre amis autour d'une table, échangez nourriture et bonnes paroles, et savourer le bonheur d'être ensemble.

6. Laissez les histoires vous transporter

Pour passer les longues heures entre le lever et le coucher du soleil, quand les divertissements se limitaient à ce que l'on pouvait faire de ses deux mains, avec un instrument ou avec sa bouche, raconter des histoires était pour les moyenâgeux ce que télévision, livres et cinéma sont pour nous aujourd'hui. La différence était dans la réception de ces histoires: on y croyait avec ferveur et on s'y accrochait comme à des modèles. Les récits héroïques (souvent chantés en vers), les aventures parfois magiques et toujours exemplaires, étaient non seulement distrayants, mais aussi admirables et inspirants. Actuellement, nous passons vite d'une histoire à une autre, sans nous y investir aussi sérieusement. Et pourtant, quelle richesse, quand on se laisse transporter corps et âme dans une fiction, qu'on s'y implique entièrement et qu'on en tire tous les enseignements qu'on peut y trouver.