mercredi 29 juin 2016

Vers la simplicité


Quand on a une vie bien remplie, il peut devenir difficile de se recentrer sur ce qui est essentiel. Entre les préoccupations quotidiennes, les activités en tous genres, les responsabilités et les distractions constantes, on peut facilement perdre de vue la véritable direction que l'on voudrait donner à notre vie. Pour y voir plus clair, il n'y a qu'une solution: simplifier.

Simplifier, cela veut dire se désencombrer, se débarrasser du superflu pour revenir à ce qui compte vraiment. Dans notre culture, où l'abondance est devenue la norme, cela nécessite de faire le tri, de libérer de la place pour créer un vide dans lequel respirer. Car on finit par étouffer. Le monde devient de plus en plus complexe, de plus en plus chargé et on pourrait s'y perdre. Il y a toujours quelque chose d'intéressant à voir, à lire, à apprendre; toujours de nouvelles notions à adopter, de nouveaux concepts à comprendre... Mais tout cela nous est extérieur à nous-mêmes. A force de nous orienter vers ces stimulations externes, quand prenons-nous le temps de nous regarder nous-mêmes?

Pour retrouver notre être profond, il faudrait revenir à un mode de vie plus simple, plus dépouillé, mais ô combien plus riche. Il faudrait apprendre à ignorer le flux constant dans lequel nous baignons et observer ce qui est sous-jacent, c'est-à-dire ce qui est essentiel. Faire de la place pour voir plus clair, et se créer un espace où nous pouvons tout simplement être. S'entendre penser sans le brouhaha constant qui occupe notre esprit. Etre content de ce que l'on a. Ne pas chercher l'approbation des autres. Ne pas courir après une quantité infinie de désirs. Ne pas se laisser leurrer par les médias. Connaître la vraie valeur de chaque chose.

Tout cela est plus facile à dire qu'à faire. Comment s'y prendre, concrètement, pour atteindre cette simplicité tant désirée? Pour nous y aider, des spécialistes du mouvement minimaliste établissent des pistes et ne cessent de partager leurs conseils. Certains ont élaboré des challenges, tels des programmes à suivre pendant une certaine durée, qui mènent celui qui les suit à de véritables changements dans sa gestion du quotidien. En voici un, composé d'une piste par jour, que j'envisage de mettre en place durant un mois:

Challenge minimaliste

  1. Pas d'internet pendant une journée
  2. Méditation de 10 minutes
  3. Nettoyage digital
  4. Un jour sans se plaindre
  5. Identification de ses 3 à 6 priorités
  6. Créer une routine matinale
  7. Trier sa liste de lecture
  8. Apprendre à apprécier la solitude
  9. Diminuer le nombre de ses produits de beauté
  10. Pas de mails ou de réseaux sociaux avant midi
  11. Évaluation de ses engagements
  12. Déterminer ses objectifs de l'année
  13. Trier sa garde-robe
  14. Commencer à apprendre quelque chose de nouveau
  15. Examen de ses habitudes quotidiennes
  16. Pas d'achats pendant 24 heures
  17. Ne faire qu'une chose à la fois
  18. Se désabonner sur les réseaux sociaux
  19. Faire une promenade en pleine conscience
  20. Pas de télévision de la journée, lire à la place
  21. Ecrire pendant 20 minutes
  22. Créer une routine relaxante avant d'aller au lit
  23. Ne pas porter de maquillage
  24. S'entraîner à la gratitude
  25. Laisser une journée entière sans rien prévoir
  26. Identifier les sources de stress
  27. Nettoyer son tiroir à bazar
  28. Laisser tomber un objectif
  29. Éteindre les notifications
  30. Évaluation de ses cinq derniers achats
En suivant ces directives chaque jour durant un mois, j'espère changer durablement mes habitudes et obtenir une plus grande clarté d'esprit.

Pour terminer, j'aimerais partager cette citation de William Ellery Channing, qui résume selon moi ce que le minimalisme signifie, et ce que cela représente de vivre simplement:
"To live content with small means - to seek elegance rather than luxury, and refinement rather than fashion, to be worthy, not repectable, and wealthy, not rich - to study hard, think quietly, talk gently, act frankly, to listen to stars and birds, babes and sages, with open heart - to bear all cheerfully - do all bravely, await occasions - never hurry; in a word, to let the spiritual, unbidden and unconscious, grow up though the common. This is to be my symphony."
"Vivre en se satisfaisant de peu signifie - chercher l'élégance plutôt que le luxe, et le raffinement plutôt que la mode, être digne, pas respectable, et prospère, pas riche - étudier avec sérieux, penser calmement, parler avec douceur, agir franchement, écouter les étoiles et les oiseaux, les enfants et les sages, avec un cœur ouvert - supporter tout gaiement - agir avec courage, attendre les occasions - ne jamais se dépêcher; en un mot, laisser ce qui est spirituel, spontané et inconscient grandir à travers l'ordinaire. Ceci sera ma symphonie."

mercredi 15 juin 2016

Une œuvre, un moment: "Les premiers pas" de Vincent Van Gogh

Les premiers pas - Vincent Van Gogh (1890)
The Metropolitan Museum of Art (New York)
J'aime quand la peinture se fait le capteur instantané d'un moment qu'elle éternise à tout jamais. C'est le cas dans ce tableau du grand Vincent Van Gogh, qui est sans doute l'un de mes favoris de l'artiste. Bien que la touche Van Gogh soit immanquable, ce tableau se démarque de la plupart de ses œuvres, que l'on connaît plus pour les émois quelque peu torturés et les tourments qu'il y a couchés. Ici au contraire, ce sont les bonheurs simples de la vie qui sont immortalisés.

Les premiers pas est un titre aussi explicite que le sujet est sans ambiguïté. Un enfant s'exerce à marcher entre ses parents. Une situation on ne peut plus banale. Ce qui m'a immédiatement touchée dans ce tableau, c'est de découvrir l'universalité de ces gestes: la mère qui se penche pour soutenir son enfant, le père qui lui tend les bras pour l'encourager, la position de chacun... Nous avons tous connu cela, nous le reproduisons et nous continuerons de le voir. Et déjà du temps de Van Gogh (fin du XIXème siècle) on le faisait. Même un paysan laisse tomber ses outils un instant pour partager ce moment avec son enfant.

Et de tous temps, en tous lieux, ce moment se vit dans la joie et la fierté. On applaudit le petit qui titube tant bien que mal, on accompagne son exploit de grands sourires et d'encouragements. C'est à chaque fois aussi magique. Bien que les visages ne soient pas clairement visibles, on ne peut pas manquer ces émotions qui débordent de la toile et inondent son ensemble. Ce que le tableau exprime n'est que douceur de vivre et bonheur partagé. Il redonne toute son importance à un moment d'une grande simplicité, et toute sa douceur à l'amour parental dans ce qu'il a de plus ordinaire.

Les couleurs à elles seules traduisent ces sensations: les jaunes vifs, chaleureux et gais, mais tempérés par quelques touches de bleu qui adoucissent l'ensemble. Ce sont les couleurs du printemps, de la joie de vivre et du renouveau. Van Gogh et le jaune, c'est une longue histoire. Pensez à ses tournesols, à ses ciels étoilés où le jaune contraste plein d'éclat avec le bleu de la nuit. Pour lui, c'est la couleur de la joie par excellence. Ici, il ne se fait pas éclatant ni trop marqué, il imbibe l'ensemble de la toile avec délicatesse. C'est la lumière qui couvre le tout. Le jaune n'est pas en contraste mais en parfaite harmonie avec les autres couleurs qu'il côtoie.

Ces effets de couleurs miroitent parfaitement le moment qui est représenté. Les premiers pas, c'est une étape charnière, un renouveau dans la vie. Comme le printemps qui annonce l'été. L'enfant s'éveille au monde et la nature se réveille de son long sommeil d'hiver. Et la joie est dans l'air, partout autour d'eux. C'est cette pure simplicité, dans toute sa beauté, qu'a traduit ici Van Gogh. On est devant un spectacle de la vie de tous les jours, rendu glorieux par la peinture. Avec ce tableau, Van Gogh nous rappelle que la beauté est tout autour de nous, dans les plus petits détails et les moments les plus anodins. Il nous invite à mieux regarder et à apprécier la splendeur des choses simples.