mardi 5 juillet 2016

Quelques lectures d'été


C'est enfin l'été, et quand le soleil pointe le bout de son nez, on sent déjà la promesse des vacances, des après-midi à se prélasser dehors, des limonades avec des glaçons et autres plaisirs de la saison chaude. Que l'on parte ou non, l'été apporte inévitablement un souffle de dépaysement et a cette fragrance si particulière de douceur de vivre. Que peut-on rêver de mieux que d'accompagner la période estivale d'une lecture qui capture parfaitement cette atmosphère à la fois chaude et légère? Voici une petite liste des romans qui, selon moi, évoquent merveilleusement bien l'été et en forment une merveilleuse toile de fond.

F. Scott Fitzgerald




Un de mes auteurs fétiches, Fitzgerald, se lit le mieux, je pense, en plein été. L'essence même de ses romans et nouvelles est un univers vivace et plein de jeunesse, teinté de paresse et d'une certaine torpeur. Nul autre que lui n'a su dépeindre aussi subtilement une génération tout à la fois éprise de rythme, d'un tempo de vie accéléré, et figée dans une bulle qui limite le champs de ses possibles. Une génération aussi fugace qu'un été, trop vite passé. Quand il place Gatsby le Magnifique en pleine canicule, c'est physiquement que l'on éprouve la lourdeur de l'air et l'immobilisme ambiant. Mais ailleurs, c'est la légèreté associée à la saison qu'il fait sortir des pages. L'ouverture de sa nouvelle Le Pirate de Haute Mer (The Offshore Pirate) en est une sublime illustration: un yacht en pleine mer, le soleil scintillant sur les vagues, une jeune fille qui lit allongée tout en dégustant du bout de la langue un demi citron. Et nous voilà partis, emportés par la prose enivrante et évocatrice de Fitzgerald...


Dandelion Wine (Ray Bradbury)


Plus connu pour ses récits de science-fiction empreints de poésie et aux messages forts (dans le superbe Fahrenheit 451 par exemple), Ray Bradbury a aussi écrit des romans bien ancrés dans notre réalité, mais toujours aussi lyriques. Dans Dandelion Wine (traduit en Français par Le vin de l'été) il invite le lecteur au cœur de ses souvenirs d'enfance, lors d'un été qui englobe et symbolise à lui seul la magie de ses jeunes années. Dans le livre, le grand-père du protagoniste fabrique du vin de pissenlit, une boisson qui aux yeux de l'auteur, n'est rien d'autre que l'été mis en bouteille. S'il ne peut physiquement l'enfermer dans une bouteille, Bradbury a pu le capturer entre les pages de ce ravissant livre qui ne peut pas manquer de faire résonner chez le lecteur des images oniriques de courses dans les prés, de genoux verdis par l'herbe et de cheveux ébouriffés par le vent et l'air pollinisé. Une ode à l'enfance, à l'été, et à tout ce qui rend la vie merveilleuse.


The Silver Linings Playbook (Matthew Quick)


Sur la plage ou au bord de la piscine, rien ne se savoure mieux qu'un roman divertissant, drôle et captivant. The Silver Linings Playbook est exactement ce genre de roman. Mais tout en étant une comédie, il se tisse sur une toile quelque peu dramatique et est fait de la fibre parfois triste de la réalité. Aucune idéalisation ici, pas de romantisme en kit ni de recette du bonheur toute faite. Le narrateur, Pat, revient dans le monde après un séjour en hôpital psychiatrique. Le choc est dur, et il reprend ses marques petit à petit, avec l'aide de ses proches. Mais avant de pouvoir reprendre le cours de sa vie, Pat doit apprendre à regarder la vérité en face: qu'est-ce qui l'a conduit à l'hôpital? Comment peut-il ramasser les morceaux de sa vie qui a éclaté? C'est presque une enquête, le lecteur découvrant Pat en même temps que lui se redécouvre. Le long du trajet, émotions et éclats de rires alternent. Le livre idéal pour décompresser, s'amuser mais aussi apprendre comment vivre les difficultés.


Into the Wild (Jon Krakauer)


Pour certains, l'été est synonyme d'aventure, vacances égalent découvertes et prendre du temps pour soi signifie explorer sa vérité intérieure. Christopher McCandless aurait été de ceux-là. Dans Into the Wild, ce jeune homme à la soif d'absolu est ramené à la vie. C'est un récit initiatique plein d'inspiration qui nourrit chez le lecteur ce sentiment qui renaît bien souvent à l'approche des beaux jours: cette envie de renouveau, ce désir de trouver ce qui est essentiel et de suivre cette voie. C'est le pari que s'est lancé Christopher quand il est parti de chez lui un beau jour, soudainement et sans prévenir personne. Il a voyagé à travers l'Amérique jusqu'en Alaska, à pied et en auto-stop. Sur son trajet, il fait des rencontres inoubliables et progresse humainement. Son exemple suscite l'admiration, et son destin tragique est comme un rappel urgent: il faut vivre, vivre pleinement et maintenant.


The Painted Veil (W. Somerset Maugham)


Egalement un récit initiatique, mais dans un tout autre genre, The Painted Veil (Le voile des illusions) est l'histoire de Kity, partie pour un voyage qu'elle n'a pas choisi. Mariée à Walter, qu'elle n'arrive pas à aimer, elle se retrouve entraînée avec lui dans les tréfonds de la Chine, dans un village où une épidémie de choléra fait rage. Loin de son monde civilisé et sophistiqué, Kity est embarquée dans un parcours à la découverte d'elle-même.Chaleur, moustiques et révélations: l'été est ici la saison des remises en question, un entre-deux réservé à la contemplation. Le séjour de Kity est comme un pas de recul que l'on prend pour mieux observer sa vie. Car les vacances peuvent aussi avoir cette fonction: un répit du rythme habituel de la vie, pour se poser et mieux savoir où l'on va.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire